
Ce que Dieu nous donne
C’est entendu : « les réflexions des mortels sont incertaines et nos pensées, instables ». Et puis, sur bien des sujets, nous tâtonnons et, malgré les immenses progrès de la science, nous ignorons souvent l’essentiel. D’accord, d’accord, mais écoutez le message de ce dimanche : « qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? ». Incapables tout seuls de nous élever à la pensée divine, nous avons reçu des dons merveilleux. Car, c’est vrai, Dieu nous a donné la Sagesse (son Fils), il nous a envoyé son Esprit Saint ! On ne va pas se plaindre, après cela.
Connaître la sagesse, c’est être initié au plan de Dieu, c’est connaître de l’intérieur le projet qu’il a formé pour nous de toute éternité : de faire de nous des êtres libres « pour lui », pas seulement pour manger, boire et dormir, mais pour lui, pour lui répondre, pour apprendre à le connaître et à l’aimer, pour tisser entre nous des relations dignes de lui et pour faire chanter l’univers à sa gloire. Donc nous ne sommes pas les fruits du « hasard » et de la « nécessité », nous avons notre place dans cet ensemble pour y jouer un rôle. Notre liberté n’est pas un vain mot, même si nous n’avons pas à tout réinventer et si Dieu a fixé la règle du jeu, c.a.d. notre nature, dont nous découvrons de jour en jour les richesses, tous ces ajustements pleins de finesse qui assurent l’équilibre de tout l’ensemble.
Et pourtant il y a du mal dans le monde et en nous et il ne s’agit pas de le laisser passer pour l’ombre qui fait ressortir la beauté du tableau. Dieu n’a pas voulu le mal, pas même pour un résultat bon et il ne s’y résigne pas. C’est une péripétie qui s‘est glissée dans son projet et dont il triomphera un jour à travers l’humanité assumée par son Fils.
Et là, la Sagesse que le Père nous a donnée se fait paradoxale, elle nous dit la grandeur de Dieu à travers la faiblesse du Médiateur, sa Beauté indicible sur le visage défiguré du Crucifié. Elle nous enseigne un chemin de la souffrance qui se conclura dans la gloire. Mais comme elle est plus croyable que toutes les explications que les hommes ont inventées pour essayer de rendre compte de leur situation ! Ni fuite dans l’absurde, ni plate résignation, elle nous dit notre responsabilité, sans nous enfermer dans une terrible culpabilité, elle nous dit l’avenir qui nous attend, sans nous faire rêver à un monde de conte de fées.
Et c’est là que le Don de l’Esprit prend toute son importance : ce que la Christ a été, nous pouvons l’être : des fils aimés et reconnaissants ; ce qu’il a fait, nous pouvons le faire avec lui : devenir des serviteurs allant jusqu’au bout dans l’obéissance à la volonté de Dieu. Mais rien sans cette profonde assimilation à lui qui nous vient de l’Esprit du Père et du Fils. Non que l’Esprit ait jamais à se substituer à notre liberté pour nous entraîner malgré nous, mais, si nous nous laissons faire, l’Esprit nous apprendra justement à être libres, il nous enseignera à vouloir (ce que nous ne faisons pas d’habitude, ballotés que nous sommes entre le « oui » et le « non », la peur des conséquences et le désir d’en finir).
On le voit : nous n’avons pas à désespérer de notre intelligence et de notre volonté. Dieu nous donne de quoi comprendre et de quoi agir.