
Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté
Saint Paul termine sa lettre aux Galates avec le passage que nous allons entendre ce dimanche. C’est sec, c’est net, il n’y a pas de fioriture, on voit que l’Apôtre ne plaisante pas. Il a eu la désagréable impression d’éveiller la méfiance chez ses fidèles de Galatie (qui font pourtant partie des premiers, en Asie Mineure, à avoir reçu la Bonne nouvelle).
Sans chercher à se mette en valeur, il évoque les coups et les blessures qu’Il a reçus pour le Christ en rencontrant l’opposition des païens et des juifs. Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, car je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus. Quand on est passé par là, il y a des débats et des critiques qui ne font pas très sérieux. On mesure les enjeux à leur vraie valeur.
Bien sûr, nous n’avons pas fait les mêmes expériences que saint Paul, mais il y a aujourd’hui des frères chrétiens de par le monde qui souffrent pour leur foi, qui sont pendus ou torturés en Inde, au Nigéria et dans d’autres endroits. Rien ne nous prouve que cela ne peut pas arriver chez nous. Nous sommes peut-être tous, sans le savoir, des martyrs en sursis. L’affirmation de la foi, c’est sérieux.
Alors ne nous opposons pas les uns aux autres sur ce qui n’en vaut pas la peine. Mais surtout ramenons à leur vraie valeur les choix que nous posons quotidiennement. Ecoutons encore Paul : Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. Cela ne veut pas dire qu’il va voir tout en noir et qu’il ne connaîtra plus de joie sur terre. Ce serait un mauvais projet qui sentirait plus le ressentiment qu’un élan vers le Christ. Mais il va avoir devant les yeux un étalon, qui lui permet de mesurer l’importance de chaque chose. Tout prend sens par rapport à un but, et ce but, c’est notre union à Dieu. Tout ce qui contribue à nous faire avancer dans cette direction doit être cultivé. Tout ce qui nous retarde pour pas grand-chose peut être laissé là.
Le sentiment d‘urgence qui anime Saint Paul ne vient pas de l’attente d’une fin du monde imminente, elle fait partie de la spiritualité chrétienne : nous ne disposons pas de l’avenir. C’est maintenant que nous devons répondre à Jésus-Christ, comme nous voudrions le faire au jour J où il nous sera demandé compte de notre vie. Cette préparation à la mort n’a jamais tué personne, mais elle permet de remettre les choses en place et de nous élancer, plus forts et plus libres, sur le chemin que nous avons à parcourir.