
Christ-Roi
Il ne manque pas de gens pour reconnaître en Jésus une figure merveilleuse, la réalisation idéale de notre humanité, dépassant tous les grands hommes qui ont illustré notre histoire. Le Mahatma Gandhi n’hésitait à reconnaître la dette qu’il avait contractée envers lui en lisant l’Évangile. Quelle plus belle réalisation de la non-violence pourrait-on trouver que celui qui meurt sans se défendre, sans accuser, en s‘offrant pour ses bourreaux ?
Pourtant tous ceux qui reconnaissent en lui un modèle indépassable ne sont pas prêts pour autant à adhérer à la foi chrétienne et à voir en lui le Fils unique de Dieu venu nous sauver. Comment leur présenter une image complète du Christ, qui n’est ce merveilleux modèle admiré de tous que parce que d’emblée il réalise la plénitude notre humanité ?
Saint Paul peut nous y aider, avec cet hymne au Christ que sans doute lui-même a composée et qui nous est donnée par la deuxième lecture de ce dimanche. Il nous montre à la fin que Jésus est le « premier né d’entre les morts », c.a.d. qu’il a si bien réussi sa mission, qu’il a touché le but, qu’il a porté notre humanité jusqu’à sa totale réalisation qui est la vie immortelle. Croire à cela c’est déjà beaucoup, c’est reconnaître que Jésus est bien plus qu’un modèle, qu’il entraîne vraiment derrière lui toute la condition humaine.
Mais nous remontons un peu plus haut. Nous voyons que, pour Paul, Jésus n’est pas seulement le premier homme réussi, mais qu’il est aussi « le premier né par rapport à toute créature », c.a.d. le prototype de toute humanité, il n’est donc pas seulement au terme, il était déjà au point de départ. En lui notre humanité était pensée et voulue par Dieu. Il y a donc une connivence initiale qui nous lie à lui et, de plus, une perfection inouïe qui peut devenir le nôtre, si nous nous ouvrons à lui.
Le Christ est, comme l’a dit un grand auteur spirituel, le cardinal Pierre de Bérulle : le « religieux de Dieu ». C’est lui qui éternellement, dans la vie divine, est en extase d’amour devant son Père dans le feu de l’Esprit. L’homme créé en lui, à son image, a donc cette vocation d’obéissance aimante que le premier péché a pervertie mais qu’il n’a pas fait disparaître. En venant sur terre, le Fils de Dieu rouvre la source cachée, la totale remise filiale qui fait de nous des fils. Et c’est ainsi que la Rédemption avance à chaque baptême, puisque c’est là que s’opère le branchement de notre humanité sur celle du Christ.
Le Christ est donc notre Roi non seulement par la conquête, mais encore par la naissance, pour reprendre les mots d’un vieux cantique :
PARLE COMMANDE REGNE ! NOUS SOMMES TOUS A TOI !
Vrai Roi, Tu l’es par la naissance,
Vrai Fils de Dieu, le Saint des saints ;
Et ceux qui bravent Ta puissance,
Jésus, sont l’œuvre de tes mains.
Vrai Roi, Tu l’es par la conquête,
Au Golgotha, brisant nos fers ;
Ton sang répandu nous rachète,
Ta croix triomphe des enfers.

