
Derrière la transsubstantiation
C’est bien connu, les catholiques ne se contentent pas de dire : Jésus est présent et actif à travers le pain et le vin consacrés, mais ils sont sûrs que Jésus est là et qu’il a pris la place du pain et du vin, éléments qui ne sont plus alors que des apparences. Ceci est une certitude de foi, qui cohabite avec le constat que les éléments offerts à notre regard et à notre toucher sont totalement inchangés et qu’aucune analyse, chimique ou autre, ne pourra jamais trouver autre chose que du glucose et du jus de raisin fermenté. C’est en ce sens qu’on peut parler du « miracle de l’hostie », qui est en fait un double miracle, le changement lui-même et le maintien des apparences.
Le Seigneur l’a voulu ainsi pour nous, pour que le contact le plus intime qu’il voulait avoir avec nous restât aussi le plus caché. La foule incroyante peut défiler dans l’église, nul ne se doutera de ce qui arrive au fidèle agenouillé devant son Seigneur et répondant « amen » au prêtre qui lui présente l’hostie. Mais lui le sait et en vit.
Rendons-nous compte que cela correspond à ce qui est au principe de tout amour. « Il n’y a pas d’amour, mais des preuves d’amour » disait Pierre Reverdy, mais la plus grande des preuves, c’est quand l’amour de l’aimant se traduit lui-même par le don de soi, jusqu’à sa réalité la plus intime, c’est-à-dire son corps. Or cela, Jésus le fait dans l’eucharistie, ce n’est pas un signe seulement qu’il offre, c’est lui-même qui se donne.
En cette année où nous fêtons la mémoire du Concile de Nicée, nous comprenons peut-être mieux ce qu’a été l’audace de la définition adoptée en 325 : Jésus n’est pas un intérimaire de Dieu, il est celui en qui Dieu se rend présent. Le Tout Puissant ne crédite pas une créature, pour qu’elle ait mission de le représenter, il est là en la personne de Jésus, directement, immédiatement. Un peu plus d’un siècle plus tard (431), le concile d’Éphèse mettra les points sur les i, en affirmant que, dans l’homme Jésus, c’est la personne même du Fils éternel qui réside. Le petit doigt de Jésus est donc celui de Dieu !
Comment ne pas voir dans l’affirmation de la transsubstantiation l’illustration de cette certitude ? A travers le don eucharistique, Jésus met tout cela en œuvre : il ne nous dit pas seulement « je vous aime ! », il donne son corps, son vrai corps.