
Retour de mission
La première lecture de ce dimanche nous fait assister à un moment capital de la première mission menée par Paul et Barnabé hors du pays de la Bible, dans ces terres lointaines, où, à part quelques communautés juives, régnaient depuis des temps immémoriaux les religions païennes. Ils ont réussi à entraîner quelques dizaines de personnes, une centaine au plus, ils ont formé rapidement quelques prêtres à qui ils ont imposé les mains. Et voilà qu’ils vont partir, car leur vocation n’est pas de rester et de s’implanter là, mais ils sont appelés à défricher pour le Christ de nouveaux espaces. Et alors « ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui ». Quel pari !
Quelle confiance surtout dans le Saint Esprit ! Rendons-nous compte que les chrétiens qu’ils laissent derrière eux n’ont même pas le Nouveau Testament et que le rite qu’ils vont utiliser pour la messe et le baptême doit être encore plus que sommaire. Et pourtant c’est parti. Sans doute il y aura des échanges de lettres, Paul repassera de temps en temps et il enverra des disciples encourager ces jeunes chrétiens, parfois les reprendre. Mais, malgré tout, ils sont une poignée d’hommes et femmes au milieu d’un monde qui les ignore ou parfois les menace, ils n’ont pendant longtemps comme référence que le seul passage des deux apôtres qui les ont évangélisés et ceux qui passeront après ne sont pas tous sûrs. Malgré tout, ils tiendront, ils se multiplieront. Ils connaîtront aussi des crises. C’est sans doute à eux que s’adresse l’épître aux Galates de saint Paul qui n’est pas tendre sur la tentation d’un retour aux pratiques juives. Mais, s’ils l’ont gardée précieusement, cette lettre, et s’ils nous l’ont transmise, c’est qu’ils ont accepté la leçon et sont repartis du bon pied.
On reste confondu devant la solidité de cette fondation et de quelques autres initiées par les apôtres. Sans doute, l’histoire missionnaire de l’Eglise garde le souvenir de communautés qui ont survécu coupées du monde extérieur, même sans présence de prêtres, pendant plus d’un siècle, comme en Corée. Mais quand on regarde nos pays labourés pendant si longtemps par le christianisme, illustrés par tant de sainteté et qui se déchristianisent si vite parce que l’encadrement fait défaut et que l’ambiance n’est plus favorable, on a envie de pleurer. Que s’est-il passé pour que l’amour du Christ, qui fait notre joie, puisse devenir une vieille chose qu’on abandonne, comme un folklore qui n’a plus sa place dans le monde mécanisé qui est le nôtre. ?
Ne cherchons pas des excuses dans les soi-disant lois de l’histoire, ne bâtissons pas un roman du « désenchantement du monde », avouons que les coupables, ce sont des chrétiens comme vous et moi, qui se sont endormis sur leur trésor et qui ne sont pas prêts à donner leur vie pour que le règne du Christ arrive ! Et vite !