
Tous les textes de l’Écriture sont inspirés par Dieu
Voilà une affirmation difficile à tenir aujourd’hui, où nous avons appris que tout dans la Bible n’est pas à prendre au sens littéral, qu’il y a des contradictions entre des affirmations d’époque différente, que les textes sacrés ont été écrits par des hommes qui avaient leur vision du monde façonnée par une culture qui n’est plus la nôtre. Que dirions-nous s’il fallait prendre au pied de la lettre le commandement de lapider les femmes adultères ? ou encore d’immoler des animaux devant l’église pour le culte ?
Pourtant le Concile Vatican II n’a pas eu peur d’affirmer, dans la constitution Dei Verbum (§ 11) « Puisque toutes les assertions des auteurs inspirés, ou hagiographes, doivent être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut ». Et, pour l’appuyer, c’est précisément le texte de saint Paul que nous recevons ce dimanche dans la première Épître à Timothée qui est donné à méditer.
Comment justifier cette affirmation que tout dans l’Écriture nous est donné pour notre instruction ? Il faut commencer par dire que la sainte Bible n’a pas été écrite pour des gens qui vont s’en servir comme d’un outil et ou d’une arme pour défendre leurs propres théories, prêts pour cela à un littéralisme que n’ont même pas les auteurs sacrés entre eux, quand ils citent d’autres passages de la même Écriture. Regardez comment l’auteur de la lettre aux Hébreux dans ses chapitres 1 et 2 interprète des textes qui fondent pour lui la divinité du Christ. L’Écriture est inaccessible à ceux qui promènent sur elle un regard de taupe, quitte à la rejeter quand ils estiment que telle ou telle affirmation est « dépassée ».
L’Écriture se comprend quand on la prend dans son unité, dans la totalité de ses affirmations. Tout peut prendre sens en elle, à condition que le Saint Esprit soit de la partie, qu’il nous glisse à l’oreille que ce mot ou cette image préparent autre chose, que ce vocable a plusieurs sens entre lesquels joue l’auteur sacré, etc. S’il y a dans la Bible des idées qui évoluent au cours du temps, ce n’est pas comme la mode qui devient caduque au bout d’une saison, mais dans le sens d’une pédagogie qui ne donne pas tout d’un coup, mais qui nous prépare, par des choses plus élémentaires à ce qui sera la richesse à venir.
Ne craignons pas de lire et de méditer l’Ancien Testament, ne cédons pas à la simplification trompeuse qui l’oppose au Nouveau, comme la violence opposée à la charité ou la lettre à l’Esprit. Il y a d’étonnantes douceurs dans la Loi et de terribles sévérités dans l’Évangile. Les passages les plus rébarbatifs nous réservent des surprises si nous les lisons avec les Pères de l’Eglise qui sont des maîtres en ce domaine et qui découvrent souvent la perle sous les feuilles mortes.