
Par sa Résurrection, il a réconcilié le monde avec Lui !
Nous n’y faisons peut-être plus attention, mais dans les paroles de l’absolution que le prêtre prononce sur nous quand nous avons confessé nos péchés, il y a cette petite phrase qui nous dit : « par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui ». Réconciliés par la mort de Jésus, on comprend, mais qu’est-ce qu’ajoute la Résurrection ? Allant dans le même sens, il y a ce que nous entendons ce dimanche dans la première lecture : « c’est lui (Jésus) que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des péchés ». La Résurrection et l’Ascension sont mobilisées pour nous convaincre que Dieu a accordé à Israël (et à nous aussi, à sa suite) « la conversion et le pardon des péchés ». Comment comprendre ? Commençons par une remarque de vocabulaire : il s’agit dans le texte grec de la rémission des péchés et pas du pardon (le mot « pardon » est d’ailleurs assez rare dans les évangiles), le pardon, ce serait le bon sentiment qui met fin à une brouille, mais la rémission, c’est le rétablissement de l’ordre compromis par le péché.
Mais en quoi la Résurrection fait-elle avancer la question ?
Pour y répondre, remettons-nous dans la situation des gens de Jérusalem aux lendemains de la Passion du Christ. Quand Pierre prend la parole devant la foule au balcon du Cénacle, il a devant lui des gens qui viennent de vivre la mise à mort de Jésus de Nazareth : il le leur dit, d’ailleurs : « vous avez demandé la mort d’un innocent », « vous avez tué le saint et le juste ». Or voilà que, par la voix de Pierre, ils apprennent que ce Jésus, qu’on a condamné à mort comme blasphémateur, a été « justifié » par Dieu et qu’il l’a ressuscité d‘entre les morts ! En entendant cela, les auditeurs sont bouleversés. Ce que la mort de Jésus en croix n’avait pas encore provoqué, la Résurrection l’obtient. Pourquoi ? parce qu’elle leur rend sensible le jugement de Dieu sur leur vie. Le Créateur n’est pas seulement le lointain spectateur des actes humains, mais de lui dépend, ici et maintenant, notre bonheur définitif ou notre malheur éternel. C’est face à lui qu’ils ont ressenti soudain l’énormité de leur faute.
Le baptême que propose Pierre prend à ce moment-là une actualité très forte, il s‘agit pour les auditeurs de Pierre d’implorer le pardon de Dieu et de ratifier tout ce qu’on a rejeté jusque là, en refusant d’écouter la parole du Christ. Il s’agit vraiment d’une « conversion » au sens premier du mot, c.a.d. d’un changement complet d’orientation, ils doivent renoncer à ce qui a été jusque-là l’axe de leur vie, il leur faut reconnaître qu’ils ont fait fausse route et s’accrocher désormais à ce Christ qui peut seul les tirer de l’aveuglement où ils sont et leur redonner une place dans l’amour du Père.
La réconciliation avec Dieu, ce n’est rien de moins que cela. Ce n’est pas un simple blanchiment, un coup d‘éponge passé sur nos fautes, c’est un baptême dans les larmes. Il a fallu quelque part mesurer notre néant et la grandeur de Dieu, pour que notre demande de pardon soit sérieuse. Et cet éclaircissement, c’est l’œuvre propre de l’Esprit Saint en nous. Lui seul peut changer un cœur de pierre en cœur de chair.
Le soir de Pâques, le Christ a soufflé sur ses apôtres (Jean 20,22) afin de leur communiquer l’Esprit qui opérera dans les âmes la prise de conscience salutaire qui nous ouvre la vie. Il fallait bien cela pour qu’ils deviennent les ministres du sacrement de la réconciliation !
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